lundi 10 janvier 2011

Yves Corroy, l'homme aux oiseaux


Une cigogne truffée de quinze plombs… une chouette effraie renversée par une voiture… de jeunes faucons crécerelles tombés du nid… un inventaire à la Prévert. Un état des lieux réalisé quotidiennement rue des Garrigues, à Frontignan. Une adresse pas comme les autres, où s’est niché un véritable havre de soin et de paix pour toutes les espèces d’oiseaux.

A sa tête un ancien marin, passionné par ces vertébrés ovipares à deux pattes, et qui a fait de son domicile le premier centre de sauvegarde pour la faune sauvage. Yves Corroy, c’est la petite main de l’ombre qui fait des miracles et recueille chaque année près de quatre cents oiseaux.

Dans les années quatre-vingt-dix, lassé de ne plus toucher terre, il débarque pour Frontignan, pour une nouvelle carrière dans l’industrie. Mais les aléas de la vie économique entraînent la fermeture de l’entreprise quelques années plus tard.

Sa passion pour les oiseaux prend alors le dessus : Yves Corroy constate qu’il n’existe aucune structure d’accueil pour les oiseaux blessés. Il se lance donc dans la formation, multiplie les congrès, et se spécialise dans les soins. Fort de son acquis, il décide de créer un centre de sauvegarde pour oiseaux. Pour le financer, il frappe à toutes les portes des collectivités, mais sans succès. Il adopte donc une solution de repli : le rez-de-chaussée de sa maison, transformé en une véritable infirmerie…

Aujourd’hui, Yves ne compte plus son investissement humain et financier. Il accueille les oiseaux blessés, les nourrit, les soigne, leur fabrique des abris, et ne quitte jamais son téléphone, outil indispensable de travail – il répond quotidiennement à une trentaine d’appels… Il recueille du goéland à l’hirondelle, du faucon à la chouette, en passant par les aigles de Bonelli, buses et grands-ducs, renversés par des véhicules ou simplement ramassés.

Sa vie est désormais dévouée aux oiseaux, avec son lot de contraintes : il doit apporter des soins presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Certains de ses pensionnaires se sont même déjà retrouvés dans ses bagages pour passer de brèves vacances… Yves agit par passion et, en dépit des problèmes de financement, il reste philosophe : « J’entretiens ma danseuse… » Pour la nourriture, il récupère la viande périmée d’une grande surface, car il faut bien les nourrir ces petites bêtes : cinq à six cents kilos de viande par an !

Mais son acharnement et sa ténacité vont peut-être payer : il vient d’obtenir l’accord d’élus pour l’implantation d’un futur centre sur la commune de Villeveyrac…

En attendant, si vous êtes amené à contacter Yves, préparez-vous à ce type d’échange : « Allo ?… Oui, bonjour… Donnez-moi la longueur des ailes et la couleur de l’oiseau… Etes-vous sûr qu’il s’agit bien d’un juvénile ?… Et où êtes-vous ?… Débrouillez-vous pour le nourrir et le faire boire avec un filet d’eau… Vous lui donnez des croquettes pour chat trempées dans de l’eau à raison de six repas par jour… »


Pour en savoir plus :

- Ligue pour la Protection des Oiseaux de l'Hérault (site départemental de la LPO)

2 commentaires:

  1. Il démarre bien ce blog. Je lui souhaite une longue vie. J'espère y lire bientôt quelques enquêtes.

    RépondreSupprimer
  2. Oui longue vie. Les oiseaux, excellent augure.

    RépondreSupprimer